Neurorestore
La Fondation Defitech, le CHUV, la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’UNIL et l’EPFL ont décidé de fédérer leurs compétences dans le domaine de la neuroréhabilitation et des neurotechnologies demandant des implantations neurochirurgicales pour créer des synergies entre ingénieurs, médecins et chercheurs. Cette volonté commune a conduit à la création en 2019 du Centre NeuroRestore. La convention qui lie les membres fondateurs porte sur 5 ans. Neurorestore est placé sous la direction des professeurs Jocelyne Bloch et Grégoire Courtine.
Cette collaboration s’inscrit dans la poursuite du développement de neurothérapies par stimulation électrique (« electroceuticals ») afin d’améliorer la récupération des fonctions motrices des patients paraplégiques, tétraplégiques, souffrant de la maladie de Parkinson ou des suites d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Ce centre conjoint permet également de tester des traitements innovants et personnalisés dans le cadre de protocoles de recherche, avec pour objectif de pouvoir ensuite les mettre à disposition des hôpitaux et des patients. NeuroRestore a aussi comme mission de former une nouvelle génération de professionnels de la santé et d’ingénieurs à l’utilisation de ces approches thérapeutiques innovantes.
NeuroRestore regroupe des collaborateurs sur plusieurs sites géographiques : au CHUV à Lausanne, à la clinique de réadaptation romande de la Suva à Sion, également partenaire financier du projet, ainsi qu’à Campus Biotech, le site genevois de l’EPFL. Les équipes de recherche sont localisées au CHUV et à l’EPFL, et travaillent également avec le Wyss Center for Bio- and Neuroengineering. Les interventions chirurgicales ont lieu au CHUV, tandis que les séances de réhabilitation ont lieu soit au CHUV soit à la Suva, selon les cas.
Contacts pour les médias:
Catherine Cossy, service de presse CHUV, +41 21 314 67 46 catherine.cossy@chuv.ch
Claire-Lise Jaquier, fondation Defitech, +41 21 863 51 06 cjaquier@logitech.com
Emmanuel Barraud, service de presse EPFL, +41 21 693 21 90 emmanuel.barraud@epfl.ch
Projets et développements
La maladie de Parkinson (MP) est l'un des troubles neurodégénératifs les plus répandus, touchant plus de dix millions de personnes dans le monde. Plus de 90% des personnes atteintes de la MP souffrent de troubles locomoteurs qui affectent leur qualité de vie et augmentent les comorbidités. Ce programme de recherche vise à atténuer les déficits de la marche et de l'équilibre chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Pour y parvenir, la méthode consiste à décoder la dynamique des circuits cérébraux et spinaux pendant l'exécution des mouvements, puis de combiner un monitoring à haute résolution des mouvements du corps entier avec l'enregistrement de plusieurs régions du cerveau afin de cartographier les états neuronaux et moteurs pendant l'exécution des activités de la vie quotidienne. L’objectif est de corriger par la stimulation profonde des neurones, en temps réel, les déficits liés à la marche induit par la maladie de parkinson.
Les conséquences d'une lésion de la moelle épinière sont dramatiques. Non seulement les personnes touchées perdent la capacité de se déplacer, mais elles sont également confrontées à des épisodes hypotensifs répétés qui mettent leur vie en danger et réduisent le potentiel de récupération neurologique. Dans la phase chronique, les épisodes quotidiens d'hypotension et d'hypertonie augmentent le risque d'accident vasculaire cérébral et de maladie cardiaque et réduisent l'engagement dans les activités sociales et professionnelles. Les médicaments actuellement utilisés pour la gestion clinique de l'instabilité hémodynamique ont besoin d'environ une heure pour devenir actifs et exercer des effets cardiovasculaires prolongés. Cependant, l'instabilité hémodynamique que connaissent les personnes atteintes d'une telle lésion se produit le plus souvent en quelques minutes seulement et tend à cesser rapidement. L'utilisation d'agents à longue durée d'action pour gérer des conditions à courte durée d'action n'est donc pas l'approche idéale. Le but de ce projet est de stimuler les circuits de la moelle épinière qui sont directement responsables du contrôle hémodynamique afin de restaurer la stabilité hémodynamique chez les participants atteints de lésions chroniques de la moelle épinière et qui souffrent d'une hypotension orthostatique sévère.
Cette étude clinique a pour objectif de traiter des personnes paraplégiques avec des lésions récentes de la moelle épinière en utilisant les techniques développées précédemment dans le projet STIMO pour des patients dont le traumatisme était chronique (plus de trois ans). STIMO-2 est une étude multicentrique se déroulant en Suisse, en Hollande et en Allemagne, l’objectif étant de traiter 20 patients.
Les technologies actuelles de réseaux d'électrodes pour la neuromodulation de la moelle épinière lombaire après une lésion de la moelle épinière sont imparfaitement adaptées à l'anatomie de la moelle épinière humaine et ne permettent pas un entraînement locomoteur chez la grande majorité des patients. L’objectif de ce projet est donc de tirer parti de la collaboration entre l'EPFL et la compagnie Onward afin de développer de nouveaux champs d'électrodes spécifiquement conçus pour la neuromodulation de la moelle épinière lombosacrée humaine et de les tester chez trois sujets atteints d’une lésion de la moelle épinière sévère et chronique.
L’étude STIMO (« Stimulation Movement Overground », publiée dans Nature, 1er novembre 2018), menée par le neuroscientifique de l’EPFL Grégoire Courtine et la neurochirurgienne du CHUV et professeure à l’UNIL Jocelyne Bloch, a permis d’établir un nouveau cadre thérapeutique pour améliorer la récupération neurologique après des traumatismes de la moelle épinière. Cette neurotechnologie révolutionnaire combine des stimulations électriques précises de la moelle épinière, contrôlées par un pacemaker, et un système de support corporel intelligent. Grace à ces innovations, huit patients paraplégiques ont pu faire quelques pas sans assistance.